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Mariage de pandémie


Crédit photo: Anne-Marie Trickey

Mael aperçoit Sylvie dans sa robe de mariée pour la première fois à l’extérieur du Palais de justice de Montréal. Ils s’embrassent, sourient : Mael donne à Sylvie un bouquet de fleurs. En tout, nous sommes sept — les mariés, deux témoins, deux amis et le photographe. Ce n’est pas ce qu’imaginait le couple lorsqu’ils ont décidé de se marier. Pourtant, les voilà, prêts à avancer, à célébrer, ensemble : pandémie ou pas.

Notre monde a été bousculé à l’arrivée de cette crise. Ce qui a frappé presque aussi fort que la pandémie, c’est l’incertitude qu’elle a amenée. Combien de couples, en mars, se demandaient quoi faire pour leur mariage cet été ? La pandémie sera-t-elle passée en juin ? Les mesures de confinements permettront-elles de plus gros rassemblements ? Mes invités pourront-ils se déplacer ? Impossible à savoir.

Au cours des semaines, la suite se dessinait : cette crise ne sera pas d’une courte durée. Par conséquent, à l’incertitude s’ajoute faire le deuil de tous les plans imaginés. Rien de ce qui était prévu n’arrivera. Les couples doivent se décider, une fois pour tout : se marier malgré la pandémie ou remettre le tout à l’année prochaine ? Peu importe la décision, il y a un deuil à faire. La célébration ne sera donc pas celle imaginée et planifiée avant la pandémie.

La décision qui suit, c’est une adaptation à la situation actuelle. Une adaptation nécessaire. Pour ces couples qui ont décidé de reporter la célébration l’année prochaine, les plans sont mis sur pause en attendant la fin de la crise. Pour ceux qui, comme Sylvie et Mael, décident d’aller de l’avant avec leur cérémonie légale, la décision implique une plus grande adaptation : une incertitude en continu, parsemée de changements et de compromis.

Reste qu’un mariage, c’est une célébration d’amour, une célébration de vie. C’est un grand rassemblement : chose qui, ces temps-ci, n’est pas permise pour les groupes de plus de dix personnes. Comment donc célébrer un mariage sans pouvoir se rassembler ?

Et bien, un mariage en temps de pandémie est un rassemblement qui doit être adapté. Cela signifie cinq personnes maximum dans la salle du Palais de justice. C’est une conférence Zoom avec un cellulaire sur trépied qui filme la cérémonie. C’est un appel Facebook avec les parents des mariés en temps réel. C’est une réception avec dix personnes, du vin et du homard dans un parc. C’est le choix de continuer malgré la pandémie. C’est le choix de trouver comment avancer, comment célébrer l’amour, malgré tout.

Bien sûr, rien ne peut remplacer un mariage où les proches se rassemblent tous en personne. Voilà la concession la plus difficile à avaler. Rien ne peut remplacer prendre ta fille dans tes bras après l’avoir vu dire, « oui, je le veux ». Rien ne peut remplacer la joie et la magie d’être entouré de toutes les personnes qui t’aiment.

Pour Sylvie et Mael, même si la réception avec tout le monde sera reportée l’été prochain, il reste qu’il y a un vide difficile à combler pour les familles lors de la journée de la cérémonie. C’est un mélange entre la joie et un peu de tristesse : heureux d’avoir pu y assister grâce à la technologie, mais un peu déçu de ne pas y être physiquement. On ne peut l’ignorer : ce n’est certainement pas une adaptation qui est facile à accepter dans le moment.

L’incertitude, le deuil, l’adaptation. On a tous perdu quelque chose pendant cette pandémie : nous avions tous un deuil — qu’il soit grand ou petit – à vivre. L’incertitude qui a accompagné le début de la crise, et qui est toujours présente, nous fait peur. Perte de sens de sécurité, d’impression de contrôle. Mais, avec le temps, nous nous sommes habitués. On s’adapte, d’une manière ou d’une autre. Les humains continuent à s’aimer et à vouloir célébrer cet amour, même pendant une pandémie.

Tout continue, juste différemment. Les mariages ne font pas exception.

Une production journalistique réalisée par :

  • Anne-Marie Trickey

    Finissante au D.E.S.S. en journalisme de l’Université de Montréal et bachelière en science politique de l’Université McGill. Originaire de l’Ontario, je m’intéresse aux sujets qui entourent la politique, la société et la philosophie. Dans la vie comme en journalisme, je crois surtout à la grande importance de toujours me demander « pourquoi ».


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