Agence de Presse21

L’exploration spatiale en temps de pandémie

Un lancement spatial en pleine pandémie comporte son lot de défis : qu'arriverait-il si la COVID-19 faisait son chemin jusqu'à la station spatiale?


C’est avec un retentissant succès que la compagnie américaine SpaceX a complété son premier vol habité samedi dernier, le 30 mai. Ils ont été plus de 4 000 000 de personnes à regarder en direct sur YouTube les astronautes américains Doug Hurley et Bob Behnken être propulsés vers la station spatiale internationale à bord de la capsule Dragon 2.

Bien que plusieurs considéraient l’évènement comme une distraction pour ne plus penser à la COVID-19, plusieurs éléments aperçus lors de la diffusion rappellent que le lancement en contexte de pandémie amène son lot de précautions afin que les astronautes n’emportent pas le virus avec eux. On ne peut alors que se demander : que se passerait-il si la COVID-19 se retrouvait dans la station spatiale internationale?

 

Une contagion plus importante

Robert Lamontagne, coordonnateur du centre de recherche en astrophysique du Québec affirme que le virus pourrait très bien faire son chemin jusqu’à la station spatiale internationale, et survivre comme sur la terre. « Un astronaute pourrait l’avoir et l’amener là-haut », explique-t-il.

Une fois le virus arrivé dans la station, l’environnement est très propice à sa survie. « La station spatiale c’est comme votre cuisine, à l’exception qu’il n’y a pas de gravité », affirme l’astrophysicien. Selon lui, les micro-organismes sont encore plus propices à survivre au voyage que les humains. « Il y a eu des tests qui ont été faits avec des cellules bactériennes qui ont été envoyées dans l’espace dans des bocaux et qui ont survécu à de gros changements de températures. Ils ont vraiment une grande capacité d’adaptation. »

À l’intérieur de la station spatiale, la distanciation sociale serait inefficace. « Le virus, comme tout objet, ne serait pas soumis à la gravité et donc ne tomberait jamais sur les surfaces », explique-t-il. « Si sur la Terre on peut garder une distance de deux mètres et limiter grandement le risque de contagion, là-bas, si un astronaute tousse à un bout de la station, ses gouttelettes contaminées feront leur chemin jusqu’à l’autre bout ».

Il n’y a toujours pas de traitement ni de vaccin pour la COVID-19. Benoît Laplante, spécialiste en aviation et mission spatiale, précise cependant qu’une variété de médicaments sont à la disposition de l’équipage pour traiter les symptômes.

« Lors de chaque mission, un astronaute est déterminé comme médecin de bord et possède une formation pour les soins de base », continue-t-il.  « S’il y avait quelque chose de plus grave, ils pourraient revenir sur terre avec une capsule Soyouz ou Dragon 2 ». Selon Robert Lamontagne, les astronautes mettraient moins de cinq heures à revenir sur terre en cas d’urgence. La station spatiale pourrait être mise en mode veille si tous devaient partir. « Elle peut être contrôlée du sol. Mais on s’arrangerait pour envoyer l’équipage suivant fort probablement à une date plus proche que celle prévue pour prendre la relève », précise Benoît Laplante.

 

Des mesures préventives strictes

Un éventail de mesures sont prises avant chaque lancement afin de minimiser au maximum les risques. « Les astronautes sont mis en quarantaine avant toute mission spatiale », explique le spécialiste en mission spatiale. « De cette manière, on évite tout risque de maladie contagieuse. »

Robert Lamontagne affirme qu’il y a deux groupes d’astronautes qui sont entraînés pour chaque mission. Si l’un des astronautes est soupçonné d’être malade, sa doublure le remplace. « C’est ce qui est arrivé avec Apollo 13 », raconte-t-il. « On soupçonnait qu’un des membres de l’équipage pouvait avoir contracté la rougeole. Finalement, il n’a pas été malade, mais on n’a pas pris de risque. »

Les employés de SpaceX qui interagissent avec les astronautes à moins de deux mètres de distance aux abords de la capsule portent quant à eux une combinaison et un masque pour limiter les contacts directs. « Le moindre doute qu’une de ces personnes a un rhume ou un quelconque symptôme, ils ne seront pas dans l’équipe », indique Benoît Laplante.

Robert Lamontagne insiste aussi sur le fait que la stérilisation des équipements qui feront le voyage vers l’espace est un élément clé pour garder une salubrité dans la station. « L’absence de gravité fait en sorte que tout flotte : le virus, la poussière, tout. Ici on peut passer l’aspirateur et puis c’est fini, mais sur la station spatiale ce n’est pas aussi simple », dit-il. « La salubrité c’est un des grands défis de l’exploration spatiale. »

Des défis, l’ambition de SpaceX d’envoyer des humains sur mars en engendrera d’autres. « Aller en orbite autour de la terre c’est comme envoyer son fils jouer sur le patio, on n’est encore pas loin pour l’aider. Sur la lune, c’est l’envoyer jouer dans la cour, et sur mars, c’est l’envoyer jouer au parc. Rendu là, s’il y a un problème, on ne le saura pas tout de suite, et il n’y aura pas grand-chose qu’on pourra faire. »

D’ici là, ce n’est pas la COVID-19 qui empêchera SpaceX d’avancer vers leur but ultime de faire de l’humain une espèce interplanétaire. La prochaine étape: un second vol habité vers la station spatiale internationale, prévu pour la fin de l’été.

Une production journalistique réalisée par :

  • Olivier Boivin

    J’ai 23 ans et je suis journaliste. Je me lance dans ce métier après un parcours académique centré sur les communications et les technologies les entourant. Passionné de politique, de musique et de sport depuis toujours, j’adore analyser, fouiller et creuser mes sujets. Je suis toujours en train de me questionner sur quelque chose. Je souhaite maintenant trouver les réponses et vous les partager ici.


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