Agence de Presse21

Des startups en mode solution

Malgré les obstacles, deux startups ont su s’adapter afin de mieux répondre aux nouveaux besoins de leur public engendrés par la pandémie.


En pleine crise de COVID-19, la capacité d’adaptation des startups montréalaises est mise à rude épreuve. Malgré les obstacles, deux d’entre elles ont su s’adapter afin de mieux répondre aux nouveaux besoins de leur public engendrés par la pandémie.

Le 30 avril dernier, les startups Myelin et Edlive étaient parmi les panélistes au webinaire « Saisir l’opportunité dans un contexte de pandémie », organisé par le Centre d’entrepreneuriat Poly-UdeM. Il s’agissait d’un retour au bercail pour ces deux entreprises issues du programme Datapreneur offert par le Centre.

Géraldine Dumesnil, responsable des évènements et activités, affirme que cet évènement visait à inspirer les membres de la communauté universitaire des possibilités liées à la COVID-19. « On voulait parler de la COVID-19 dans un sens positif », explique-t-elle. « C’est un problème auquel on doit faire face aujourd’hui, mais les startups sont pleines de gens créatifs en innovation et qui sont capables de faire des pivots rapidement versus les grosses entreprises. » 

Des ajustements, Myelin et Edlive ont dû en faire plusieurs, car la pandémie a soulevé son lot de défis pour les deux entreprises qui ont été affectées de manière très distincte. Leurs gestions de crise mettent en valeur différentes forces que peuvent mettre à profit les startups en ces temps incertains.

 

Myelin : s’adapter aux besoins de l’écosystème

« Du jour au lendemain, notre modèle d’affaires n’avait plus aucun sens », raconte Marc-Olivier Schüle, cofondateur et PDG de Myelin, une plateforme qui vise à mettre en relation les intervenants, les organismes et les informations scientifiques en lien avec l’autisme. 

Jusqu’en début mars, la startup fonctionnait avec un système d’abonnements auxquels des organismes, cliniques et écoles pouvaient adhérer afin d’être en contact avec les informations scientifiques pertinentes liées à l’autisme, et ainsi partager cette information entre autres avec les parents et les intervenants des enfants autistes. L’objectif étant que tous aient la meilleure information possible afin d’assurer une continuité dans la collaboration. Ensuite, avec l’aide de l’intelligence artificielle et la rétroaction des utilisateurs, Myelin arrivait à déceler quelles pratiques ou interventions étaient les plus efficaces pour les mettre en avant-plan. Mais cette même crise, qui heurte autant les organismes que les intervenants, a forcé la main de la startup. 

« Toutes les ventes qu’on commençait à faire, du jour au lendemain ont complètement arrêté », explique le cofondateur de l’entreprise. « Dans le domaine de la santé, la situation de crise qu’entraîne la COVID-19, on ne l’a jamais vu comme une période provisoire. Les gens vont s’habituer à avoir de nouveaux comportements de santé, tout comme on s’habitue au télétravail. Notre logique c’était vraiment qu’il fallait se redéfinir. »

En attendant de trouver leur nouveau modèle, Myelin a créé une page de ressources d’informations en lien avec la COVID-19 et l’autisme accessible à tous, gratuitement depuis son site internet. « Beaucoup de personnes se retrouvent avec un enfant qui était très habitué à aller cinq fois par semaine à l’école d’une façon très structurée, qui tout d’un coup, se retrouve à la maison avec des parents qui doivent gérer du télétravail avec éventuellement des crises et avec beaucoup de difficultés », explique le doctorant en psychoéducation. « Ces gens ont besoin d’aide. »

L’initiative a immédiatement porté fruit. « Ce qu’on a réalisé c’est que le nombre de personnes qui venaient sur cette page était tellement plus élevé que ce qu’on avait prévu, qu’on pouvait même les engager à faire autre chose, entre autres à donner du feedback sur les articles qu’ils consultaient », avance Marc-Olivier Schüle.  « Avec ça on a pu créer un dataset et on a vu que ce qu’on a réussi à créer en quelques semaines avait beaucoup plus de valeur que tous les abonnements qu’on avait vendus avant. »

“Notre logique c’était vraiment qu’il fallait se redéfinir” – Marc-Olivier Schüle

En plus de changer son modèle d’affaires, l’entreprise a décidé d’élargir sa plateforme à d’autres domaines en lien avec la pandémie de COVID-19. « On s’est dit qu’il y avait une opportunité et on a essayé de répondre à ce besoin-là », affirme le PDG. « On a réalisé que ce qu’on a créé pour la collaboration liée à l’autisme pouvait être utilisé dans plusieurs domaines. On a donc pris une partie de notre code pour le rendre accessible à tous les intervenants. »

Selon le cofondateur de l’entreprise, c’est sa proximité avec le milieu dans lequel elle intervient qui a permis à Myelin de s’adapter si rapidement. « C’est une chose qui nous aide énormément parce que quand il y a un besoin très rapide, par exemple, aujourd’hui mon enfant ne peut pas aller à l’école, qu’est-ce que je fais avec lui? Si une grande entreprise prend une semaine à répondre, c’est trop tard, la personne a déjà fait ses habitudes. Comme on est très près de notre écosystème, il y a beaucoup d’information qu’on a eue dès les premières semaines, que les grandes entreprises commencent finalement à comprendre », estime Marc-Olivier Schüle.

Alors que Myelin a dû s’ajuster rapidement pour répondre aux besoins de son écosystème, l’équipe d’Edlive a dû faire la même chose, mais différemment. Pour eux, c’est l’écosystème qui avait plus que jamais besoin de sa solution. 

 

Edlive : mettre les bouchées doubles pour satisfaire la demande

De son côté, la startup Edlive propose une solution clé en main pour les formations professionnelles et des cours académiques en ligne, du studio de création à l’hébergement des enregistrements jusqu’à la plateforme pour les présenter. Avec le système scolaire en pause au Québec, les demandes pour son volet académique ont littéralement explosées.

La quantité de travail supplémentaire a eu un impact sur les employés de Edlive. « C’est sûr que ça demande une quantité de travail à abattre qui est assez incroyable donc pour la santé mentale c’est pas l’idéal », indique son fondateur et PDG, Mehdi Fichtali. « Le positif du business induit le négatif du personnel. »

Cette charge de travail a d’autant plus augmenté avec certaines additions que la compagnie a apportées à ses divers services. L’entreprise avait prévu vendre un service de soutien scolaire avec leur technologie pour 2021. Vu les besoins engendrés par la crise, ils ont devancé le tout pour l’offrir dès maintenant. Ils ont également ajouté des fonctionnalités à leur volet professionnel pour pallier les nouveaux besoins liés au télétravail. « Avant on était uniquement orienté vers la formation professionnelle. Développer des outils collaboratifs, c’est quelque chose de nouveau pour nous », affirme le PDG. « La crise a mis en évidence certains besoins auxquels on n’avait pas pensé. »

« Il y a un challenge dans l’équipe au niveau de la réorganisation stratégique et de tout ce qui en découle pour pouvoir livrer le tout », continue-t-il. Malgré les difficultés, le travail que fait Edlive n’est pas temporaire. « Ce qui est sûr et certain c’est que tout ce qu’on fait en ce moment, ça ne va pas se terminer à la fin de la crise. Tout ce qu’on a investi comme temps, réflexion et comme travail, c’est aussi pour l’utiliser après. »

“La crise a mis en évidence des besoins auxquels on avait pas pensé” – Mehdi Fichtali

Pour lui, la crise a rapproché Edlive de son objectif. « On était dans un bus et on voyait difficilement le bout du tunnel. Là on est rendu dans un train grande vitesse et la lumière au bout du tunnel on a espoir de l’apercevoir plus vite. On a espoir que notre vision pourra avoir un impact concret auprès des acteurs de la formation académique et professionnelle. »

 

Les secrets de l’adaptabilité

Lorsque vient le temps d’expliquer ce qui a facilité l’adaptation des deux startups, les réponses des PDG sont identiques. Tout dépend de l’équipe.

« Dans le top 3 des causes d’échecs de startups, c’est l’équipe », affirme le PDG d’Edlive. « C’est très important de bien s’entourer. Nous notre mentalité à l’interne c’est de ne pas avoir peur des challenges, c’est de ne pas avoir peur de travailler, travailler, travailler et de devoir peut-être tout jeter ce travail à la poubelle. Il y a vraiment cet état d’esprit de réactivité qui nous caractérise. »

“Il y avait vraiment ce besoin dès le début de réagir le plus vite possible pour aider le plus possible la communauté” – Marc-Olivier Schüle

Marc-Olivier Schüle de Myelin donne lui aussi beaucoup de crédit à son équipe. « On est dans le milieu de l’entrepreneuriat social, ce qui fait qu’il y a aussi une mission derrière, une optique de changer puis améliorer la situation. Quand tu te retrouves dans une situation où beaucoup de gens sont impuissants, il y avait une vraie volonté de faire quelque chose pour cette situation quitte à mettre plus d’heures. Ça a aussi ses effets négatifs, beaucoup de membres de notre équipe se sont aussi brûlés là-dedans et sont maintenant épuisés, mais il y avait ce besoin dès le début de réagir le plus vite possible pour aider le plus possible la communauté. »

La COVID-19 aura mis au défi ces deux startups. Elle les aura forcés à changer beaucoup de choses et de travailler plus fort que jamais. Cependant, les efforts qu’elles auront déployés se feront encore sentir bien après la crise.

Une production journalistique réalisée par :

  • Olivier Boivin

    J’ai 23 ans et je suis journaliste. Je me lance dans ce métier après un parcours académique centré sur les communications et les technologies les entourant. Passionné de politique, de musique et de sport depuis toujours, j’adore analyser, fouiller et creuser mes sujets. Je suis toujours en train de me questionner sur quelque chose. Je souhaite maintenant trouver les réponses et vous les partager ici.


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