Le département de la Lozère, dans le Sud de la France, est le moins touché par le coronavirus. Seulement une quinzaine de cas d’hospitalisation et un décès depuis l’apparition du virus dans le pays. Ces chiffres peuvent surprendre quand on sait que 30% de la population est considérée comme âgée donc plus fragile face à la maladie. Mais ce qui joue en faveur de la région est sa ruralité, sa faible population, environ 76 000 habitants, et ses points d’accès limités, pas d’aéroport, de gares TGV et une seule autoroute. Il n’empêche que la Lozère, comme tous les autres départements français, a été obligée de respecter les mesures de confinement. Ce qui signifie la fermeture des commerces non essentiels et la suppression des marchés très populaires dans les bourgades. Même si certains maires et préfets de France ont décidé de laisser les marchés ouverts, la majorité n’a pas pris cette responsabilité. Alors, qu’en est-il des petits producteurs régionaux normalement présents sur ces marchés ?
De la suite dans les idées
Noémie, maraîchère dans la région, a su rebondir face aux mesures de confinement et avoue même que cela n’a pas vraiment changé son quotidien. Elle s’est adaptée à une nouvelle façon de distribuer ses produits frais. Par des efforts de mailing et de phoning, elle a prévenu ses clients les plus fidèles qu’ils pourraient toujours avoir leurs biens de première nécessité en se rendant directement à sa ferme. Soucieuse de respecter les mesures d’hygiène, elle organise ses ventes par rendez-vous et de manière espacée.
Un autre exemple d‘adaptation, celui de Samuel et Mélina, bouchers-charcutiers et traiteurs. Habituellement présents sur les marchés tout au long de l’année, ils ont compensé cette perte par des tournées chez les particuliers avec leur camion-magasin. Cette solution permet aux habitants de se fournir en alimentaire sans avoir à se déplacer dans leurs commerces habituels.
Mot d’ordre : solidarité
La solidarité, dans des départements ruraux comme la Lozère, est le maître-mot, et encore plus en ces temps. Noémie continue de livrer des paniers aux personnes âgées et handicapées. Silvana et Philippe, éleveurs de volailles et apiculteurs, ont remarqué que nombre de leurs clients viennent à leur magasin ou à leur ferme pour y faire leurs courses mais aussi celles de leurs voisins. Dans les plus petits villages où il n’y a même plus de supérettes, ou magasins de proximité, des épiceries solidaires se sont mises en place. Noémie distribue ainsi certains de ses produits dans un de ces villages afin d’aider les habitants à se fournir en alimentaire.
Un retour à l’essentiel
En cette période, Noémie se réjouit de voir que la population rurale a décidé de se retourner vers des produits locaux. Les boutiques biologiques et les épiceries de la région n’ont jamais aussi bien marché. Selon elle, cette tendance démontre une envie de changer de mode de vie et la façon de consommer dans les petites villes et villages. Elle est fière que les gens se rendent compte que les paysans sont une nécessité incontournable et que ce sont eux qui « nourriront l’humanité de demain ». Samuel et Mélina ont également remarqué un engouement pour les épiceries de proximité par les habitants des communes. Si pour eux leur production et leur distribution n’a pas vraiment pâti de la situation, Silvana est préoccupée par la saison estivale qui arrive. Même si les ventes dans son magasin ont augmenté durant les deux derniers mois, les habitués qui viennent dans la région l’été ne pourront sûrement pas venir cette année, les touristes seront très peu nombreux et pourtant ce sont ces gens-là qui permettent à des producteurs et vendeurs comme Silvana et son mari de vivre durant les mois d’été. Les conséquences du confinement seront à plus long terme pour eux.
Finalement, pour certains producteurs lozériens, le confinement n’est pas une mauvaise chose, au contraire. Entre développement de nouveaux moyens de distribution de leurs productions et hausse du chiffre d’affaires, ils y trouvent leur compte. De même que pour les épiceries de proximité. C’est aussi l’occasion de redécouvrir les commerces ambulants de l’époque de nos grands-parents et de nos parents. Samuel et Mélina me soulignent que « certains se rappellent avec nostalgie du passage du primeur et du boucher durant leur enfance… ». Ils ont même décidé de continuer ce mode de distribution alimentaire après le déconfinement.
Alors, si un nouveau modèle de consommation alimentaire a l’air de se mettre en place dans les zones rurales avec cette période de confinement, les grandes villes seront-elles, elles aussi, capables de modifier leurs habitudes ?
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