Agence de Presse21

Le retour en classe se prépare


Initialement prévue le 19 mai, la réouverture des écoles primaires dans le Grand Montréal devrait s’effectuer le 25 mai. L’évolution de la pandémie dans la région et l’incertitude quant au nombre d’enfants et d’enseignants de retour en classe rendent la planification des cours difficile à organiser pour les enseignants en début de carrière.

Le retour en classe n’est pas obligatoire pour les élèves. Les parents disposent d’une semaine avant la reprise des cours pour décider s’ils enverront leurs enfants à l’école ou non. « Jusqu’à présent, on a aucune idée de ce que sera la composition des groupes. », avoue Marion Miller une jeune enseignante en arts plastiques dans un établissement de la Commission scolaire English-Montréal. Comme d’autres enseignantes spécialisées, elle se prépare à enseigner l’ensemble des matières prévues à l’horaire à un groupe d’enfants en remplacement d’une collègue enseignante titulaire.

La commission scolaire a envoyé un communiqué pour aviser les parents d’élèves des modifications qui seront apportées aux écoles afin d’assurer les principes de distanciation sociale requises pour un retour en classe sécuritaire. « Les salles de classe seront organisées en plusieurs “espace personnel” de deux mètres par deux mètres pour les enfants et le professeur, explique la missive. Un “corridor” pour permettre l’entrée et la sortie de ces espaces personnels sera désigné pour assurer la distanciation sociale en tout temps. Pas plus de 15 enfants ne seront permis par salle de classe. Mais, dans certaines salles, cet aménagement pourrait conduire à ce qu’il n’y ait un espace adéquat que pour 8 ou 10 enfants. »

Le communiqué mentionne aussi que les méthodes pédagogiques généralement utilisées par le personnel enseignant, notamment les stratégies de centres d’apprentissage, de lectures accompagnées ou de travaux d’équipe, ne seront pas possibles dans ce contexte.

« Les stratégies appuyées par les recherches qui nous disent comment enseigner aujourd’hui sont toutes des stratégies qu’on ne pourra pas utiliser. » constate Marion.

Elle visualise que l’enseignement se fera beaucoup sous la forme suivante : les enfants travaillant seuls dans leur cahier alors que leur enseignant leur donnera de la matière en se limitant à montrer des exemples sur des tableaux ou par des vidéos. « J’essaie quand même de faire une liste d’activités et d’idées que j’ai pour rendre ça intéressant, mais on dirait que je ne m’imagine toujours pas comment je vais faire pour ne pas m’approcher d’un enfant et regarder son travail avec lui, explique l’enseignante. Je n’imagine toujours pas comment ça va se faire. »

Les inquiétudes ne se limitent pas seulement à la difficulté d’appliquer les principes de la distanciation sociale jugée nécessaire pour éviter la transmission du virus. L’école que retrouveront les enfants sera bien différente de celle qu’il connaissent, selon Marion.

Elle et ses collègues partagent des craintes quant à l’impact de ce contexte d’enseignement particulier sur le moral des enfants. « Est-ce que ça va être juste plus traumatisant pour les enfants? », se demande-t-elle.

Moins de personnel enseignant qu’à l’ordinaire

Ce ne seront pas tous les membres du personnel enseignant qui retourneront en classe non plus. Ceux qui désirent reporter leur retour peuvent demander une exemption auprès de leur direction. « Si le motif est jugé valable, la personne peut rester chez elle, continuer d’être payée et faire un suivi à distance avec les élèves qui ne reviendraient pas à l’école. », explique Marion.

Cette exemption n’est toutefois pas accordée à tous ceux et celles qui en font la demande, à son avis. Par exemple, certaines de ses collègues ont vu leur demande rejetée.

Les membres du personnel âgés de 60 ans et plus n’étaient d’emblée pas tenus de rentrer au travail. Toutefois, la vice-première ministre Geneviève Guilbault a apporté des modifications à ces directives en annonçant que les enseignants et les éducatrices dans la soixantaine pourraient « retourner travailler, sans risque important pour la santé, à condition de respecter les consignes de la Santé publique. » en conférence de presse le 6 mai.

La même journée, des données concernant les exemptions obtenues ont été dévoilées. Par exemple, CBC a rapporté que plus de 500 demandes avaient été retenues parmi celles faites dans la Commission scolaire English-Montréal.

Des emplois à risque

Les mesures exceptionnelles mises en place ont un impact important sur la carrière de jeunes enseignantes dont la situation est souvent déjà précaire.

Pour Marion, il s’agit de la première année où elle est engagée sous contrat. Comme c’est le cas pour toutes les jeunes enseignantes, le renouvellement de celui-ci dépendra de l’évaluation qui sera fait de son travail. Une situation qui apporte un lot supplémentaire de stress. « C’est une année qui ne se termine pas du tout comme on l’avait prévue, dit-elle. Je n’ai pas eu la chance de vivre un cycle complet normal. »

L’enseignante s’estime toutefois chanceuse de ne plus travailler comme suppléante, ce qu’elle a fait pendant deux années et demie à la fin de ses études universitaires.

Les enseignants suppléants, quant à eux, pourraient être amenés à enseigner à plusieurs groupes dans plusieurs établissements différents et ainsi côtoyer davantage d’employés et d’enfants que leurs collègues contractuels responsables d’un seul et même groupe toute la semaine.

« Je pense tellement souvent aux suppléants, raconte Marion. Quand l’école s’est arrêtée, toutes leurs possibilités d’emplois se sont arrêtées. Là, s’ils retournent au travail, ce sera vraiment eux qui seront les plus à risque. »

Une production journalistique réalisée par :

  • Marc Boulanger

    Après avoir obtenu un baccalauréat en études cinématographiques à l’Université de Montréal et une maîtrise en communication à l’Université du Québec à Montréal, je me suis tourné vers le programme du D.E.S.S en journalisme. En cette période de crise des médias et de la prolifération des « fake news », j’y vois là une manière intéressante de joindre mes passions et les partager à autrui tout en ajoutant mon grain de sel à l’espace public et contribuer à la vie citoyenne plus saine et démocratique, où tous et toutes peuvent être mieux informé(e)s.


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