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Marcher pour bien aller

Nombreux sont ceux qui arpentent les rues à pieds à toute heure du jour depuis le début du confinement. Cependant, tout le monde ne marche pas pour les mêmes raisons. Pour certains, c’est un passe-temps alors que pour d’autres, c’est une nécessité.


 

Nombreux sont ceux qui arpentent les rues à pieds à toute heure du jour depuis le début du confinement. Cependant, tout le monde ne marche pas pour les mêmes raisons. Pour certains, c’est un passe-temps alors que pour d’autres, c’est une nécessité.

Il fait frais et le ciel est gris, mais les habitants de Roxboro sont nombreux dans les rues, surtout pour un mardi après-midi du mois de mai. Ils ont plusieurs raisons pour marcher, tout en respectant les mesures de distanciation sociale.

 

Marcher pour passer le temps

Roxboro
Le quartier de Roxboro est situé dans l’arrondissement Pierrefonds-Roxboro sur l’île de Montréal. On y comptait 5 941 habitants en 2016.

« Ici c’est bien les rues sont peu passantes donc on peut marcher au milieu de la rue sans problème pour contourner les gens », affirme Bob, devant l’école Socrates-Démosthène, située au milieu du quartier.

Lui et sa femme Carole habitent ce secteur de l’Ouest-De-L’Île depuis plusieurs décennies, mais ils n’ont jamais autant marché dans ses rues. « On marche pour faire de l’exercice, sortir un peu de la maison, prendre de l’air frais », affirme Carole, rapidement coupée par son mari qui ajoute « …et parce qu’il n’y a rien d’autre à faire! À part le Zoom quotidien avec nos enfants, on ne peut pas aller dans les magasins parce qu’on est trop vieux ou aller faire des activités intérieures, alors on marche. Pour moi ça remplace le tennis. Ce n’est pas aussi amusant, mais c’est quelque chose à faire. »

L'école Socrate à Roxboro
L’école Socrates-Démosthène à Roxboro

Pour Carol, l’aspect social de la marche est aussi important. « On voit des gens, on leur parle et je fais connaissance avec des voisins aussi donc c’est un positif. » Après la pandémie, ils ne pensent pas continuer cette habitude. « On aura d’autres choses à faire alors on va revenir à notre routine d’avant », conclut la retraitée. Pour eux, la marche relève du passe-temps, alors que pour d’autres, elle a une importance plus significative.

 

Marcher pour se libérer l’esprit

Rencontré un peu plus loin, sur la 10e avenue, Paul Chong interrompt sa marche quotidienne pour se confier. « Je ne croyais pas que le confinement m’affecterait autant. Je me disais que j’allais être correct puis finalement, avec tout ce qui se passe avec l’économie, avec la pandémie, on se demande ce qui va se passer dans le futur. Je n’étais pas bien avec ça. »

Pour l’homme dans la cinquantaine, la promenade s’avère être une révélation. « Après une marche, je me sens plus relaxe, j’ai moins d’anxiété. Je n’arrêtais pas de penser à mon fonds de pension. Marcher, ça m’aide vraiment à me sortir ça de la tête. »

Il compte garder ses nouvelles habitudes après la pandémie. « Je vais continuer à marcher, c’est certain. J’ai découvert que faire mes courses en marchant c’est plaisant aussi, c’est beaucoup plus relaxe. » Il note aussi la bonne humeur de son voisinage. « Les gens marchent plus. Certains sont plus timides, mais d’autres disent bonjour, je leur dis en retour. Je fais de nouvelles rencontres, c’est plaisant! » Pour Paul, ce plaisir est secondaire, alors que pour d’autres, comme Joel, c’est primordial.

 

Marcher pour socialiser

« J’ai perdu ma femme l’an dernier, ce fut très difficile. Ça faisait 23 ans qu’on était ensemble. Là je me sens très seul depuis le début de la crise. » Joel Boloten a 73 ans et il interrompt sa marche sur la 11e rue pour parler. Pour lui, la promenade quotidienne est plus importante que jamais depuis le début du confinement.

« Mon fils ne peut plus venir me voir, je ne peux plus m’approcher des gens, même des animaux. Les bars sont fermés, les magasins aussi. J’ai peu d’activités dans ma journée. Même si je voulais me mettre à sortir avec quelqu’un, je ne peux pas. Marcher, ça me permet de socialiser, de voir des gens. »

Pour Joel, le fait que les Roxborois sortent dans les rues le réjouit. « Les gens marchent plus, donc je parle avec plus de monde », dit-il. « J’ai rencontré une voisine qui vit ici depuis 50 ans à qui je n’avais jamais parlé avant. C’est incroyable! »

Pour lui, ce n’est pas tant le virus qui lui fait peur, mais la façon dont le monde va changer à cause de celui-ci. « Je n’ai pas hâte aux deux prochaines années. On va seulement pouvoir revenir à la normale quand un vaccin sera trouvé et je n’ai pas beaucoup d’espoir que ça se fera rapidement. » Le septuagénaire est conscient des recommandations du gouvernement de ne pas sortir. « Oh, je ne m’en fais pas avec ça. Je continue de marcher. Ça me fait du bien », répond-il.

 

Marcher pour bien aller

Dans le contexte du confinement, les marcheurs de Roxboro trouvent beaucoup de bienfaits à se promener, tellement que beaucoup incorporent cette activité dans leur quotidien. Ces bénéfices ne sont pas surprenants du point de vue scientifique, et ce même si les parcs nature sont fermés. Les études démontrant les bienfaits de la marche abondent, et ce même dans un contexte urbain.

La marche a un effet positif sur la santé mentale selon plusieurs études, dont une de la Heriot Watt University. En effet, peu importe le contexte, urbain ou rural, les gens qui avaient une santé mentale plus faible ont vu leur état s’améliorer après la marche. Une autre étude démontre qu’une promenade avec une autre personne rend la marche urbaine aussi attrayante que la marche en nature. Ce ne sont que deux exemples parmi tant d’autres.

La promenade est une activité qui pouvait sembler anodine avant le début de la crise sanitaire. Cependant, avec les implications qu’entraine le confinement, l’activité devient une nécessité pour certains, et ses avantages démontrés sont observés par beaucoup de personnes. Une fois le déconfinement amorcé, il sera intéressant de voir si les gens garderont cette habitude. En attendant, elle est bien utile à plusieurs Roxborois pour passer à travers la crise.

 

Les entrevues de cet article ont été traduits librement de l’anglais par Olivier Boivin.

Une production journalistique réalisée par :

  • Olivier Boivin

    J’ai 23 ans et je suis journaliste. Je me lance dans ce métier après un parcours académique centré sur les communications et les technologies les entourant. Passionné de politique, de musique et de sport depuis toujours, j’adore analyser, fouiller et creuser mes sujets. Je suis toujours en train de me questionner sur quelque chose. Je souhaite maintenant trouver les réponses et vous les partager ici.


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