Contradictions provenant du gouvernement, décès au sein de leurs élites, communication mensongère, tant d’éléments qui ébranlent la confiance qu’un peuple peut avoir envers ses dirigeants. C’est le cas du Burkina Faso face à l’actuelle crise du Coronavirus. Heureusement, un réseau d’associations solide est présent sur place pour pallier ce problème et endosser ce nouveau rôle de relais au gouvernement.
La situation actuelle au Burkina Faso
En date du 16 mai, le Burkina Faso comptait 796 personnes infectées par la COVID-19 et 51 décès. La gestion de l’épidémie est vivement critiquée par les populations locales et les opposants au gouvernement. « L’opposition dénonce une gestion catastrophique et exige la démission de la ministre de la santé. » écrit Le Monde.
Lookman Sawadogo, à la tête du groupe de réflexion Cercle citoyen d’aide à la gouvernance de la Covid-19, s’explique au journal Le Monde. « La cacophonie sur l’application des mesures, les contradictions au sommet, ajoutées à ce scandale, qui est une démonstration de communication mensongère, ont dévalué la parole politique et effrité la confiance de la population. »
Regagner la confiance
Afin de regagner la confiance des Burkinabés, les informations doivent être vérifiées et ne doivent pas provenir d’une source gouvernementale. Amandine Hamon, recherchiste pour le CÉRIUM (Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal) m’explique que si certains Burkinabés sont méfiants face au gouvernement, d’autres Burkinabés croient que la COVID-19 ne touche que les riches et les blancs.
Les premiers cas déclarés au Burkina Faso sont des cas au sein même du gouvernement, notamment des députés, ce qui a favorisé l’émergence de telles rumeurs selon Amandine Hamon. « Ça a fait émerger la rumeur que c’est seulement une maladie qui touche les riches parce que ce sont eux qui sont en contact avec les élites, donc c’est une maladie de riches ou de blancs. Il y a toutes ces rumeurs là qu’il faut contrer. » Le Burkina Faso fait alors face à une désinformation concernant la COVID-19, notamment les populations résidant dans les campagnes. « Quand les rumeurs se propagent dans les campagnes, il y a beaucoup de désinformation. » rajoute-t-elle.
C’est à ce moment-là que les associations et les centres de recherche entrent dans l’équation. « Dans le rapport que le réseau d’associations nous a transmis, c’est clairement expliqué que le gouvernement repose sur les associations pour toucher les populations [dans les campagnes; ndlr], c’est une extension du service public. » m’explique Amandine Hamon au téléphone.
Des pictogrammes pour informer
Le CÉRIUM, avec l’aide de Relations Publiques Sans Frontières et du CIC DOC (Centre d’Information de Conseil et de Documentation) localisé à Ouagadougou, a réalisé des pictogrammes informationnels. Au Burkina Faso, il y a quatre langues officielles, dont le français. Il existe aussi une soixantaine de dialectes dont le Bissa, le Mooré, le Dioula et le Fulfudé. En plus de cette multitude linguistique, il faut prendre en compte qu’une partie de la population est analphabète.
Pour ces raisons, les pictogrammes s’avèrent être le meilleur outil pour communiquer efficacement avec les populations, car universels. Comme me l’explique Lise Denis dans nos échanges, il fallu qu’elle utilise des mots simples et des pictogrammes clairs en raison du taux d’analphabétisme. C’est donc cet outil que les associations ont décidé d’utiliser afin de communiquer avec les populations urbaines et rurales.
Les visuels réalisés par Lise Denis représentent les quatre gestes barrières contre la COVID-19. Les informations primordiales (lavez, contact, 2 mètres, etc.) ont été écrites en rouge afin de souligner leur caractère important. Même si le texte est en français, les pictogrammes sont assez explicites afin d’être compris par la majorité. “Il était prévu de traduire les visuels dans les trois autres langues officielles du Burkina, mais les partenaires Burkinabés qui écrivent ces traductions ne nous ont, à ma connaissance, pas encore envoyé les textes.” m’informe Lise Denis.
Une fois envoyés au réseau d’associations, ces pictogrammes seront ensuite imprimés et distribués par des intervenants aux populations, surtout dans les campagnes. “Les associations n’ont pas du tout les moyens d’envoyer des gens pour enseigner les gestes barrière, donc ils veulent ces visuels-là pour les donner à des intervenants qui vont déjà dans les régions pour faire de la sensibilisation.” m’explique Amandine Hamon. En ce qui concerne les villes, les pictogrammes seront probablement affichés dans les rues.
Le Burkina Faso ne sera pas le seul pays à recevoir ces pictogrammes. En effet, Lise Denis a reçu la demande de mettre à jour ces visuels avec les logos d’organismes qui travaillent pour la Côte d’Ivoire, afin qu’ils soient aussi diffusés aux populations Ivoiriennes.
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