As-tu vu ça, toi, J’aime Hydro ? Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai entendu cette phrase depuis mon arrivée au Québec, il y a un peu plus d’un an. J’aime Hydro ? Et puis quoi encore… Sincèrement, j’avais autant envie de regarder cette pièce que la rediffusion de la demi-finale de la coupe du monde de football de 1966.
En plein confinement volontairement forcé, je cherchais nonchalamment un nouveau balado à écouter. Et voilà qu’elle apparaît, à nouveau. J’aime Hydro était décidément partout. Il aura fallu une pandémie mondiale pour me faire capituler ; j’ai finalement décidé de l’écouter, cette maudite pièce. Mais seulement en faisant la vaisselle, pour ne pas perdre de temps.
Quelques minutes d’écoute et mes préjugés me sautaient déjà au visage.
C’est l’humilité et la douceur de la comédienne, Christine Beaulieu, qui ont réussi à piquer mon attention. Rapidement, les clapotis de la vaisselle me paraissaient insupportables. Écouter ne me suffisait plus, je voulais voir. J’ai donc foncé vers le canapé pour visionner confortablement la pièce proposée par Radio-Canada sur tou.tv.
D’abord séduite par la personnalité de la comédienne, me voilà envoûtée par le sujet. Au fil du déroulement de cette enquête citoyenne, je m’interroge. Et moi, est-ce que j’aime Hydro ? Parfois c’est oui. Parfois c’est non. Mes hésitations reflètent l’équilibre de la pièce. Avec Christine, l’on vogue d’une partie prenante à l’autre. Des intérêts publics aux intérêts privés. De l’amour à la haine.
C’est tout un faisceau d’émotions qui me traversent le corps quand Christine partage ses doutes et son désarroi avec cette rare transparence que permet un bon jeu théâtral. Mais J’aime Hydro, c’est bien plus que du théâtre. C’est du théâtre documentaire des Productions Porte Parole. Dire que je ne savais même pas que cela existait…. Mes préjugés m’ont longtemps privée de belles trouvailles.
S’il y a bien une chose qui manque dans cette pièce, ce sont justement les préjugés. L’absence de parti-pris et la curiosité sincère de cette enquêtrice en herbe parviennent à réunir les extrêmes. Un don devenu si rare dans nos sociétés de plus en plus polarisées, et ça fait du bien.
Depuis que j’ai vu cette pièce, j’ai l’impression qu’Hydro-Québec m’appartient. Désormais, je comprends les enjeux, alors ses décisions m’importent. Il ne s’agit plus d’une « boîte noire » qui donne du courant. Je comprends dorénavant qu’il s’agit d’un pan du patrimoine québécois dont les décisions reflètent les valeurs de ce peuple qui veut rester « maître chez lui ».
Comme si le présent s’amusait avec mon passé, mon visage s’est fendu en un large sourire lorsque, le 5 avril dernier, Sophie Brochu, tout juste nommée PDG d’Hydro-Québec, s’est fait demander sur le plateau de Tout le monde en parle : « Avez-vous vu la pièce J’aime Hydro ? ». Croyez-moi, Madame, vous ne saurez bientôt plus compter le nombre de fois où l’on vous posera la question.
Alors, si tu n’as pas encore vu ou entendu J’aime Hydro, dépêche-toi de capituler ; une si belle découverte t’attend !
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