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Deux agriculteurs face au Covid-19 : Entre accommodation et mutation

Témoignage du quotidien de deux agriculteurs français en temps de pandémie.


La pandémie touche toutes les professions. Chacune doit s’adapter et trouver des solutions pour limiter ses conséquences. Qu’en est-t-il de l’agriculture française ? Deux agriculteurs témoignent des nouveaux défis à relever.

Le troupeau de chèvres de Mickaël

L’obligation de s’adapter

Jean Yves est  agriculteur dans le Puy-de-Dôme (Auvergne). Son exploitation repose sur la production de céréales à 80%. Les 20%  restant concernent  les tournesols, les pommes de terre et le vin qui sont commercialisés en vente directe.

Ayant déjà contractualisé avec une coopérative, Jean Yves n’est pas inquiet quand à la pérennité de son exploitation : « Au mois de septembre j’ai déjà engagé la totalité de mes céréales à un prix garanti ».  Néanmoins, sa pratique professionnelle a changé : plus de réunion syndicale ou de démonstration de matériel: « Ca faisait partie de notre vie d’agriculteur et c’est terminé, tout est un peu à l’arrêt et on doit faire du télétravail maintenant… ».

Jean-Yves sur son tracteur

Mickael lui est éleveur de chèvres (100 à 120 animaux) à Condrieu et transforme leur lait en fromage. Il revend ensuite sa production sur le marché ou dans les grands magasins. Mickael doit faire face à la baisse de la demande: « Depuis un mois et demi on a chuté de 15 à 20% sur les débouchés ».

Pour pallier à la baisse des ventes, il s’agit de stocker le plus possible de lait et de diminuer la production. L’une des stratégies trouvée par l’éleveur, étant de passer les chèvres à une traite par jour plutôt qu’à deux traites.

Une note d’espoir

Jean Yves cultive de la pomme de terre.  Une aubaine car selon lui depuis le coronavirus  les consommateurs se sont rués vers la vente directe.  Alors qu’il a produit une tonne de pommes de terre, Jean Yves estime qu’il aurait pu en vendre 15 tonnes au vu de la demande : « Peut être qu’ils continueront de venir acheter chez le producteur plutôt que de passer par cinquante intermédiaires ; cette année je suis sauvé ». Il profite aussi de la baisse des cours pétroliers : Le fioul pour ses tracteurs a baissé de 40% de moins qu’avant le Covid.

Concernant la vente de fromage de chèvre, la réouverture du marché du Caluire, il y a trois semaines, a été une bénédiction pour Mickael : « Les ventes ont augmenté sur ce marché, on est pas les plus à plaindre ».

De plus les vendeurs locaux de Condrieu ont démarché d’autres points de vente  comme le carrefour Market, permettant ainsi de stabiliser la vente directe. « Le stock va s’écouler petit à petit dans les semaines qui viennent».

Mickaël et Cathy

Vers une agriculture plus localisée ?

Tous les deux sont unanimes sur un point : La crise peut faire advenir une agriculture de proximité, une chance pour les plus petits producteurs.

En effet, selon Jean Yves « Pour les petits producteurs de légumes, qui font de la vente en direct, et bien ça marche énormément  pour eux en ce moment ! »

Les magasins de producteurs sont beaucoup plus fréquentés, et selon Mickael « Il y a eu cet effort des gens de se rapprocher le plus des producteurs pour les aider. Les messages ont été diffusés comme quoi c’était difficile pour nous ».

La prolifération des paniers dans les grandes villes marque peut-être le début d’une agriculture plus localisée sans passer par l’intermédiaire des géants de la grande distribution. Se pourrait-il que cela représente une aubaine pour les plus petits producteurs ?

Jean-Yves parcourant son champ dans le Puy-de-Dôme

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Olivier Esteve

Je suis Français et âgé de 24 ans. Je dispose d’un baccalauréat et d’une maîtrise en Anthropologie. Grâce à cette formation, je peux m’appuyer sur des méthodes d’enquêtes qualitatives et j’aime mettre en perspective les enjeux culturels et politiques des sociétés contemporaines. Je m’intéresse aussi à l’art du documentaire et j’espère pouvoir progresser dans la façon de concevoir un reportage journalistique.

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